Le Conseil d’Etat et le tribunal judiciaire de Paris n’auront pas chômé ce mois de juin 2020, tranchant plusieurs affaires en matière de vie privée et protection des données personnelles.
C’est le tribunal judiciaire de Paris qui ouvre le bal. Dans un jugement du 9 juin de 130 pages opposant l’UFC-Que Choisir à Apple, le tribunal a déclaré « illicites ou abusives » plusieurs clauses des conditions générales du service de streaming Apple Music et a jugé qu’elles portaient atteinte notamment la protection des données personnelles.
L’association de protection des consommateurs avait dans un premier temps demandé au juge l’annulation de la « politique de confidentialité » d’Apple (composée d’un ensemble de documents : « Engagement de Confidentialité », « Apple Music et confidentialité », « À propos du lecteur Web Apple Music et de la confidentialité ») en son entier, arguant qu’elle était trop « fragmentée » et contraire au principe de transparence prévue par le RGPD et le Code de la consommation. Toutefois, comme le rappelle le tribunal judiciaire, si une association peut solliciter du juge qu’il ordonne la suppression d’une clause illicite ou abusive et qu’elle soit réputée non écrite, une telle demande ne peut en revanche pas concerner l’intégralité d’un document contractuel, la demande devant être formulée « clause par clause ».
C’est ainsi que le tribunal a déclaré certaines clauses illicites (et donc réputées non écrites) au regard du RGPD et du Code de la consommation, notamment en ce qu’elles manquaient de clarté ou précision, ou étaient trompeuses (par ex., confusion sur les données personnelles traitées, absence de coordonnées permettant de contacter le responsable de traitement ou d’exercer ses droits, finalités imprécises, durée de conservation indéterminée, absence d’information claire sur les bases légales, etc.). Apple a été condamnée notamment à 20 000 € de dommages et intérêts et à publier le jugement sur la page d’accueil de son site Internet.
Dix jours plus tard, le 19 juin, c’était au tour du Conseil d’Etat de rendre une série de décisions en matière de données personnelles.